Mon Accident…
1er juillet 2004, d’une route départementale vers le CHU de Nantes :
A l’arrivée du SAMU sur les lieux, le Glasgow initial est de 3 – ouverture des yeux : jamais, réponse verbale : aucune, réponse motrice : rien – avec une latéro-déviation du regard vers la gauche, une mydriase droite – augmentation du diamètre de la pupille comme en réponse à l’obscurité -, ainsi qu’un traumatisme facial avec embarrure fronto-temporale gauche – fracture totale de la voûte crânienne secondaire à un enfoncement -, une fracture ouverte du fémur gauche réalignée sur place. Avant le départ, le patient mobilise les quatre membres – réactions musculaires aux stimuli -. L’hémodynamique est initialement conservée – maintien du système circulatoire sanguin pour donner suite à réanimation – avec une fréquence cardiaque à 114 battements/min – tachycardie -, une tension à 170/100 mmHg – hypertension à 17 -. Il reçoit 1 litre de sérum physiologique – transfusion -. Aucune lésion n’est notée au niveau du thorax, de l’abdomen, du bassin ainsi qu’au niveau du rachis. Le patient est sédaté – placé et médicamenté en coma artificiel -, intubé puis ventilé sous HYPNOVEL FENTANYL – conservé en état hypnotique mécaniquement -. Sans l’intervention des secours, s’en était fini…
3 semaines de coma, & semaine de neuro-traumatologie, 3 mois dans le service neurologique de rééducation fonctionnelle. Je sors du système hospitalier 4 mois après mon accident, j’ajoute un traumatisme crânien grave sévère à tout ce qui me fait moi. 17 ans d’un chemin de croix fait d’échecs et de réussites, je suis aujourd’hui en cohérence et en phase avec mon parcours de vie, prêt à accompagner ceux qui comme moi ont eu des séquelles visibles et invisibles.
Ma Renaissance…
Après un parcours de VIES riche et varié, j’ai décidé de me former notamment auprès de la Fabrique Créative de Santé de Nantes pour accompagner les personnes qui ont eu également un traumatisme crânien ou des lésions cérébrales. J’ai étudié le fonctionnement du cerveau avec ses zones et fonctions associées et j’ai exploré les compétences psycho-sociales. Par ailleurs, ayant expérimenté les difficultés à vivre avec des lésions cérébrales acquises souvent invisibles, j’ai exploré mille et une stratégies que l’on peut alors mettre en œuvre. J’ai ainsi construit mes propres outils en plus de ce qu’on m’a appris au cours de mon parcours.
Vous qui avez eu des lésions cérébrales ou vécu des ruptures de vie difficiles, je suis heureux de vous partager mon savoir expérientiel et mes outils pour vous accompagner sur votre nouveau chemin de vie. Mon vécu est ma force, je comprends ce que vous traversez , je peux vous aider à vous projeter vers l’avenir au-delà de vos lésions ou de ce que vous voyez chez votre proche, parce qu’elles ne le conditionnent pas.
Il n’y a pas de traumatisés crâniens, de personnes cérébrolésés, il n’y a que des histoires de vie dans lesquelles s’inscrivent désormais les lésions cérébrales. Telle la fleur de Patricia E. Deegan, vous allez apprendre que « ces lésions ne sont qu’un pétale de la magnifique fleur qui fait de vous qui vous êtes ».
Ensemble, à partir d’un premier Diagnostic Educatif, nous allons ensuite étudier votre récit de vie afin que vous puissiez retrouver l’EN VIE de réaliser de nouveaux projets personnels ou professionnels. Un de mes buts est que vous preniez conscience qu’une contrainte peut devenir un avantage, une force. Par exemple, dans mon expérience, le fait d’être plus « désinhibé » suite à mon accident de voiture m’a permis d’animer un débat public à la Cité des Congrès de Nantes devant 1000 personnes avec aisance !
Les possibles…
Ainsi, en dehors des tempêtes à traverser pour accepter, accueillir, comprendre et transformer ce qui vous est arrivé, un nouvel univers de tous les possibles s’ouvre à vous.
Enfin, je peux accompagner les aidants, familles, conjoints, soignants qui sont près de vous pour qui, ce n’est pas toujours confortable. Que faire, comment composer avec ces bouleversements, comment accompagner l’autre ? Les aidants ont eu aussi leurs émotions, leurs questionnements, leurs difficultés. Tous ensemble, nous pouvons échanger, partager et co-construire une nouvelle relation de la façon la plus sereine possible.
« Prendre le risque de vivre, c’est faire le pari des joies possible »[1] . Dans son livre, la philosophe Claire Marin nous éclaire sur les multiples facettes de notre être, qui se révèlent au gré des sorties de route et accident de vie. Les lésions cérébrales, telles des ruptures intérieures, fissurent notre être, nous laisse entrevoir de nouveaux personnages qu’il nous appartient d’explorer. C’est un fait avéré philosophiquement, notre « Je » est multiple. Nietzsche nous dit ceci : « Je nie la « personnalité » et sa prétendue unité et […] je découvre en chaque homme l’instrument de très diverses « personae » (et de masques) »[2].
Les lésions cérébrales sont l’opportunité de découvrir de nouvelles joies possibles, grâce aux nouveaux masques et personnes de notre être qui les exploreront et les vivront. Il faut pour cela accepter de se transformer, de ne plus être dans l’avant mais bien dans le présent et tourné vers l’avenir. Quand l’infini, l’autre commence…
[1] Claire Marin, Rupture(s), Ed. Le livre de poche 2020
[2] La critique de la croyance à l’unité (l’atomisme) selon Nietzsche – L’Autreté (wordpress.com)